Cloches naïves du muguet, carillonnez ! car voici Mai.
Sous une averse de lumière, les arbres chantent au verger, et les graines du potager sortent en riant de la terre. Carillonnez ! car voici Mai ! Cloches naïves du muguet ! Les yeux brillants, l’âme légère, les fillettes s’en vont au bois rejoindre les fées qui, déjà, dansent en rond sur la bruyère. Carillonnez ! car voici Mai ! Cloches naïves du muguet !
Le muguet – Poème de Maurice Carême
On peut craindre la cueillette massive du muguet dans les forêts à l’occasion du 1er mai car, en empêchant les brins de vivre, on empêche les insectes la pollinisation des clochettes nécessaire à la reproduction sexuée de la plante.
Le muguet se développe alors massivement sous forme de rhizome, c’est à dire en se clonant par dessous terre, comme les bambous par exemple, ce qui fragilise l’espèce du fait du manque de brassage génétique.
Il est produit chaque année 60 millions brins de muguet rien que dans la région nantaise, ce qui représente 80% de la production nationale, réalisée par une trentaine de producteurs répartis sur une demi-douzaine de communes et embauchant en contrat saisonnier près de 7 000 salariés.
En France, il existe une tradition selon laquelle un brin de muguet à 13 clochettes porterait bonheur.
Histoire du muguet du 1er mai
On fait remonter la tradition du muguet du 1er mai à la Renaissance, Charles IX en ayant offert autour de lui en 1561 comme porte-bonheur. La légende veut qu’en 1560, Charles IX et sa mère Catherine de Médicis visitent la Drôme où le chevalier Louis de Girard de Maisonforte offre au jeune roi un brin de muguet cueilli dans son jardin à Saint-Paul-Trois-Châteaux. Le roi, charmé, reprend cette pratique d’offrir chaque printemps un brin de muguet à chacune des dames de la cour en disant « Qu’il en soit fait ainsi chaque année », la coutume s’étendant rapidement à travers tout le pays. Une autre version de la légende veut qu’en 1560, Catherine de Médicis charge le chevalier de Saint-Paul-Trois-Châteaux, ville du département de la Drôme, d’une mission secrète auprès des Borghèse, ce dernier revient de chez cette riche famille italienne et, en guise de réussite de sa mission, offre au roi à la cour de Fontainebleau un bouquet de muguet trouvé dans les bois.
En France, dès 1793, le calendrier républicain de Fabre d’Églantine propose une fête du Travail (jour du travail) au 3e jour des sansculottide (le « tridi »), tandis qu’il associe le muguet au « jour républicain », le 26 avril et non le 1er mai, rompant ainsi avec cette tradition royale.
Cette tradition se perd jusqu’au 1er mai 1895 qui voit le chansonnier Félix Mayol débarquer à Paris, gare Saint-Lazare, et se voir offrir un bouquet de muguet par son amie parisienne Jenny Cook. Une anecdote publiée dans ses mémoires rapporte que faute de trouver un camélia, que les hommes élégants portaient à l’époque au revers de leur redingote, il prend un brin de muguet le soir de sa première sur la scène du Concert parisien. La première étant un triomphe, il conserve ce muguet qui devient son emblème et relance peut-être cette coutume.
À la Belle Époque, les grands couturiers français offrent le 1er mai un brin de muguet à leurs petites mains et à leurs clientes. Christian Dior en fait l’emblème de sa Maison de couture. Dès lors, cette coutume du 1er mai devient une fête dans la région parisienne.
Ce n’est qu’au début du XXe siècle qu’il sera associé à la Fête du travail, qui date elle-même de 1889. En fait, sous Pétain, la fête des Travailleurs devient la fête du Travail et l’églantine rouge (Rosa canina ou Rosa rubiginosa), associée à la gauche, est remplacée par le muguet.
La vente du muguet dans les rues de Nantes commença peu après 1932, avec l’instauration de la fête du lait de mai par Aimé Delrue. Elle se répandît ensuite à toute la France aux environs de 1936 avec l’avènement des congés payés.
En France, la vente du muguet par les particuliers et les associations non munis d’une autorisation et sur la voie publique est officiellement tolérée le 1er mai en respectant toutefois les autres obligations légales (il s’agit par exemple de muguet du jardin ou des bois et non pas de muguet acheté, sinon ce serait de la revente). La tradition de pouvoir vendre le muguet sur la voie publique remontant à Claude-François de Payan, ami de Robespierre.
Attention ! le muguet est toxique
Le muguet ralentit le rythme cardiaque, renforce l’énergie de contraction systolique et augmente l’excitabilité de la cellule musculaire cardiaque. Le muguet provoque également un augmentation de pression artérielle. Et il a une action diurétique par irritation de l’épithélium rénal. L’intoxication est possible quand les quantités absorbées sont trop importantes ou bien qu’il s’agit d’enfants. Toutes les parties de la plante sont toxiques. L’eau dans laquelle a séjourné le muguet est aussi toxique. La toxicité du muguet est le fait de trois substances: la convallarine, la convallamarine et la convallatoxine.